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Une histoire d' échafaudage

Plus d' un quart de siècle après : Une Histoires de Palais

1985 Création de l'association Art Image Main Soleil But : Promouvoir des artistes par tous les moyens. La vidéo et le parrainage d'entreprise de préférence.

1987 Invention d'une forme d' happening comme parodie d'un lancement d'une "artiste" autodidacte inspirée par le facteur Cheval architecte du Palais Idéal . Il ne reste aujourd'hui qu'une vidéo de la préparation de l'exposition de l'été 1987 En complicité avec la Municipalité d' Hauterives je présente à l'Hôtel de Ville une trentaine d'Huiles sur toile de Coco peintre du Facteur Cheval ainsi nommée par la presse suite à un battage médiatique intense. Un vernissage mariage sera célébré le 13 juin 1987 dans la salle des mariages. Officiels, parents, famille, amis participent à l' union sacrée de Coco sous l’œil de son premier témoin le facteur Cheval accroché sur les cimaises entourant les invités surpris à devenir complices d'une belle et joyeuse aventure .Le partenariat avec le Conseil général de Drôme et La Poste permettra une grande diffusion de l'affiche officielle et les cartes postales vendues aussi au magasin du Palais Idéal et financées entièrement par « Art Image Main Soleil» Cette collection unique et originale, de facture naïve et humoristique, retrace la saga familiale de Joseph Ferdinand Cheval et l'histoire à la limite de l'imaginé du Palais. Constituée de scènes de genre et de portraits variés en couleur du facteur aux trois âges de sa vie, ces portraits sont les premiers portraits peints du facteur. Cette première de 1987 marque l'originalité de cette démarche qui représente une forme de concept singulier qui sera ensuite imité au péril d'en démasquer le manque d'imagination de leurs auteurs Effectivement Coco authentique autodidacte se met à peindre spontanément cette collection lorsque son regard croise le regard de Cheval sur une ancienne carte postale noire et blanc. Coco se dit adepte du simplisme et quand on lui parle de son travail étonnant elle prétend « colorier ». L'innocente de dire aux journalistes Coco colorie. "La couleur en plus" sera justifiée comme slogan à cette exposition pour en finir avec la qualificatif artiste que coco réfute avec pudeur . Les pigments crus de ses toiles seraient ils le souvenir insistant de ces bonbons multicolores qu'elle mangeait des yeux à la devanture de la confiserie de sa jeunesse lorsqu'elle allait à l'école de sa ville natale La Voulte-sur-Rhône ?

Coco peintre du facteur Cheval est aussi petite fille d'un grand père, Alexandre, facteur rural et écrivain public à Saint Marcel d’Ardèche personnage haut en couleur, disparu en 1978 juste au moment de ma rencontre avec Marie-Claude Duclap que tout le monde appelle Coco . Ce témoignage transférentiel illustré n'est il pas une tentative d'exorciser son propre ressenti émotionnel et passionnel des affres de la vie et de la mort traçant l'histoire singulière de Joseph Ferdinand Cheval ? Son titanesque édifice, grand corps morcelé de pierres amoncelées au prix d'un long et pénible labeur, appel pathétique au creusement d'un tombeau n'apporte t il pas une réponse à l'énigme de l'être qui dans sa foi d'immortalité magnifie son Grand œuvre pour ne pas céder au doute du sens de l'existence ? Cheval grave et grave encore dans le béton ses sentences moralisatrices pour tenter de justifier sa condition de paysan et prouver au monde ce qu'un humble peu faire et atteindre le génie. Coco bien plus humblement laisse son pinceau pleurer la tendresse acide des couleurs pour embaumer ce grand père hors pair symbole de la jeunesse perdue. Contemplateur inconscient, de ses toiles, prend garde à ce que Coco peut te faire d'un coup de son magique pinceau . L'art n'est pas un jeu pour amuser les sots. Dans les tréfonds de son mystère il cache les arcanes de la vie et de la mort . L'art puise sa source à l'urne funéraire. Les géants, brandissant, comme voiles toute à la prise de l'air du temps, leurs ailes d'albatros emprises aux filets du grand vaisseau au cœur de pierre, s'abreuvent à la source de la vie. Ces sculptures à la gloire des génies fondateurs du rêve de Cheval marquent la frontière du royaume d' Hades ou le tombeau du temple Égyptien fut reconduit par les lois de la République au cimetière municipal . « A 81 ans je me trouvais encore assez courageux pour faire  mon Tombeau du repos et du silence sans fin » nous dit Ferdinand Cheval . Aujourd'hui il contemple éternellement ses portraits et d'un regard attendri se porte premier témoin de son peintre dévoué à reconnaître derrière le voile d' une ironique complicité, l’aboutissement de cette œuvre contemporaine issue de l'héritage séculaire du Fayoum. Cette exposition sera représentée en 2000 dans l'enceinte même du Palais Idéal sur la forme de happening improvisé qui s'apparente à un Mobshow dont seuls les visiteurs anonymes présents et surpris peuvent témoigner. Les photos de cette époque traduisent l'état du Palais Idéal avant les dernières restaurations récentes. Coco introduit son portrait d' André Malraux dans sa saga surréaliste pour nous rappeler qu'il fut à l'origine du classement au patrimoine des Monuments Historiques du Palais Idéal en 1969. Aujourd'hui, en 2017 l'ensemble du Palais appartient à la Municipalité d' Hauterives. En 1987, la propriété se répartissait pour moitié suite au don d'Alice Lardand (née Cheval la seconde petite fille de cheval ) et à la municipalité et pour autre part indépendante à l' arrière petite fille Madame Roger Savel. Mme Savel invitée d'honneur au vernissage-mariage d'une embrassade chaleureuse félicitait Coco et pausait sur l'estrade officielle pour les photographes de presse aux cotés de Coco aux anges , de Monsieur le maire d' Hauterives Gabriel Biancheri, de Mr Gauria Directeur Départemental de La Poste et de Monsieur Steinberg Vice président du Conseil Général de la Drôme, sans oublier votre serviteur dans le rôle du marié, inguérissable agitateur d'artistes.

Étrange spectacle pour l'actualité du moment que ce beau monde figé sur la pellicule à jamais sur fond d'un imposant tableau de coco « le mariage d'Alice Cheval avec Charles Lardand  » Cheval sur la droite du tableau semble comblé par cette nouvelle reconnaissance inattendue et éternisée par l'existence de cette collection unique et d'une grande originalité qui elle aussi mérite de trouver sa juste place et de résister à l'oubli .

A suivre

Claude Louis Berthon